Art dans la ville : la fresque carte postale d’Angers
70 000 m2 de bureaux, 20 000 m2 de logements, 4 500 m2 de commerces, 1 300 m2 d’équipements publics, 350 logements, 8 000 m2 de parc arboré
Le contexte
La ville d’Angers et Alter ont souhaité accompagner le renouvellement urbain de Cours St Laud et profiter de cet emplacement de choix pour mettre en place une narration du territoire. L’arrivée d’une passerelle avec un parti architectural fort a ainsi été l’occasion de contrebalancer le côté minéral de cette entrée de ville, par son accès ferroviaire.
Au printemps 2019, la Ville d’Angers en partenariat avec Alter a lancé un appel à projet pour la création d’un visuel sur le pignon du parking Saint-Laud 1 d’une taille de 56 x 16 mètres (soit près de 900 m²), situé face au Novotel 4 étoiles et à la nouvelle passerelle piétonne.
La thématique donnée à cet appel aux artistes est de faire rayonner Angers, avec un visuel « carte postale » qui marquera les esprits et dévoilera l’identité du territoire. Une trentaine de candidats ont ainsi pu proposer une œuvre en lien avec la ville et son patrimoine, ses spécificités ainsi que ses domaines d’excellence.
Ces œuvres ont été soumises aux votes des angevins qui ont retenu à l’été 2019, la fresque de la graphiste angevine Céline Lambert. Le Studio Katra et Peintures nantaises ont ensuite été missionnés pour reproduire cette fresque sur site de décembre 2019 à janvier 2020.
Présentation des acteurs
Céline LAMBERT est une créatrice dans l’âme. Après un Bac Arts appliqués et sa formation de BTS communication visuelle, elle débute sa carrière dans le multimédia avant de se réorienter vers le « print ». Cette graphiste de métier, qui travaille au sein du service communication de la Ville et de l’agglomération d’Angers depuis 2004, mène aussi en parallèle divers projets sous un statut d’artiste. Elle réalise, sous le nom de Mam’zelle Line, des sculptures en terre cuite et détourne des disques vinyles qu’elle peint ou transforme en objets décoratifs. Créatrice au sein du collectif « Le Roch’Lab », elle expose notamment ses pièces dans leur boutique « d’up-cycling » à Béhuard. Elle propose également, dans son atelier à Chavagnes, des cours d’initiation à la création artistique pour les enfants ainsi que des ateliers ponctuels pour adultes.
Antoine GRIPAY est le créateur du Studio Katra à Nantes, une agence de design global qu’il a fondée en 2011. Avec son équipe de designers graphique, espace et produit, il conseille et accompagne les projets d’aménagements urbains, de communication territoriale ou encore de stratégie d’entreprise. Studio Katra compte parmi ses références, la réalisation de plusieurs identités territoriales et installations urbaines : « Saint Nazaire Renversante » pour renouveler l’image du territoire, le quartier de Biesse pour préfigurer les aménagements urbains de la SAMOA ou encore la conception des espaces transitoires Gare-sud à Nantes.
Pour certains projets (tels que la fresque réalisée à Angers), Gaël Simon Peintures Nantaises un partenaire artisan peintre, a participé à la réalisation du chantier avec Camille PANSARD, designer graphique et peintre au Studio Katra. Ces deux créatifs sont ainsi intervenus pour reproduire le visuel de Céline LAMBERT à la main puis peindre le mur de 900 m2. Un deuxième projet à Angers pour le Studio Katra qui avait réalisé quelques mois plus tôt l’identité de marque de Samuel Albert, gagnant de top chef, installé place du ralliement. En espérant pour eux que l’aventure se poursuive sur le territoire Angevin, c’est du moins leur souhait.
Interviews des porteurs de projets
Réponses de Céline LAMBERT (CL) et Antoine GRIPAY (AG)
Q° : Pouvez-vous nous présenter votre œuvre et nous raconter la mise en œuvre du projet ?
CL : Présentation de l’œuvre
« Au cœur de la carte postale d’Angers figure déjà son nom en toutes lettres. C’est le cœur du sujet et ses 6 lettres recouvrent 1/3 de la fresque. De là s’étirent des lignes blanches où viennent se connecter les différents points forts de la ville entre eux. Quatre thématiques y sont ensuite illustrées :
- La ville historique, avec son château, le Grand théâtre la tapisserie de l’apocalypse représentée par une chimère.
- La ville du numérique et de l’électronique, avec un circuit imprimé qui n’est pas sans rappeler le volet « techno » au sens large de la ville et le renard du label french tech.
- La ville végétale, avec les fleurs, feuillages et branches traités en noir qui donnent de la profondeur à la fresque. Mais aussi le volet études et recherches avec un tube à essai et un microscope.
- La ville où il fait bon vivre, avec le cadre de vie offert par les parcs et la qualité de l’offre en transports proposés aux habitants, la grappe de raisin et la bouteille d’Anjou…
La palette de couleurs fait aussi écho au territoire. Le vert fait référence au végétal, le bleu (du turquoise à l’ardoise) rappelle les carrières locales et le rouge, couleur du vin d’Anjou.
La ville d’Angers a aussi intégré au projet une dimension supplémentaire avec la réalité augmentée. En visualisant la fresque avec son smartphone et l’appli Vivre à Angers, les feuillages noirs sont bercés par une brise. »
AG : Mise en œuvre du projet
« D’habitude nous intervenons dès la conception jusqu’à la réalisation. A la demande d’Alter, nous avons accepté de travailler en collaboration avec Céline LAMBERT qui avait déjà conçu le visuel. Après quelques adaptations mineures de son dessin, notre équipe est intervenue avec son expertise technique de réalisation de peintures monumentales. Ce chantier était une réelle prouesse technique par plusieurs aspects. Tout d’abord la taille 900 mètres carrés c’est du format XXL ! Ensuite Il a fallu composer avec des conditions météo extrêmes. Nous sommes intervenus dans un calendrier contraint sur 2 mois seulement de décembre à Janvier. Nous avons dû jongler avec le thermomètre pour surveiller l’hygrométrie et le gel que les peintures supportent mal. Sans oublier les contraintes de confort en plein hiver avec un ensoleillement court pour Gaël et Camille, les deux artisans peintres. Mais on y est parvenu, et cela reste une belle référence dont on est fiers. Nous avions aussi à cœur de faire participer Céline, la créatrice du visuel, à notre travail et elle est venue peindre avec nous quelques jours. Concrètement, après avoir créé un quadrillage, le tracé a été reproduis entièrement à la main, ce qui requiert de la dextérité et un réel savoir-faire pour respecter les proportions. Je souhaite aussi saluer le travail d’Inès (Responsable d’Opération d’Alter), pour sa compréhension des contraintes de mise en œuvre, son suivi et sa réactivité. Nous gardons un très bon souvenir de cette collaboration atypique avec Alter et Céline. »
Q° : Selon vous deux, que peut l’art dans la ville ?
CL : « J’ai du mal à me définir comme artiste. J’expérimente, je me fais plaisir, je suis une « créative » qui mène des expériences dans différents domaines. Cela me permet de me nourrir de ces résultats et enrichir mes projets. Mais pour répondre à la question « Que peut l’art dans la ville ? ». Je trouve intéressant qu’en ville ce soit l’art et plus globalement la culture qui vienne interpeler tous les publics (les habitants / visiteurs…) dans leur quotidien à l’inverse d’une démarche personnelle qui émane d’un public plus restreint, habitué à se rendre dans des lieux culturels. Cela donne à une perspective différente de la ville, ça allège certains bâtiments. Cela permet aussi de créer du lien entre les habitants. Je pense que l’art en ville a une dimension sociale qui rejoint la culture orale. Accessible à tous, chacun peut se l’approprier, notamment avec les réseaux sociaux. Cela devient participatif, j’ai d’ailleurs constaté une émulation en cascade avec la fresque sur Instagram. »
AG : « Pour moi, l’art permet de créer des identités propres au territoire. Il permet de typer les espaces urbains et contribue ainsi à l’identité des villes. Cela favorise la réappropriation de l’homme sur son environnement. La peinture est un médium universel. Chacun à travers son prisme culturel aura sa lecture et son ressenti. C’est la culture du graffiti qui a permis l’émergence d’une culture street art. Les graffeurs ont mené un travail de défricheurs. On est passé d’une culture réprimandée (encore aujourd’hui) à acquise. Comme dans toute culture, il y a des codes à respecter vis-à-vis de ces pionniers. La tendance au muralisme qui émerge permet de réveiller certains quartiers. Mais je constate aussi qu’il y a encore beaucoup de travail d’acculturation à faire pour voir arriver de plus en plus de projets dans les villes par exemple dans des copropriétés ou dans le privé. »
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